Ce que McLaren réalise au Mexique que Red Bull ne peut pas égaler

Le Grand Prix de Mexico, disputé sur l’Autódromo Hermanos Rodríguez, reste l’un des terrains les plus déroutants du calendrier de Formule 1. À plus de 2200 mètres d’altitude, l’air raréfié transforme l’aérodynamique, modifie les régimes de refroidissement et bouleverse le comportement des pneus. C’est précisément dans ce contexte que McLaren a trouvé sa pleine mesure, décrochant une pole étincelante avec Lando Norris, tandis que Red Bull et Max Verstappen ont peiné à maintenir une fenêtre de fonctionnement cohérente entre un tour lancé et la performance en rythme de course.

Le contraste a été saisissant d’un jour à l’autre. Vendredi, la Red Bull semblait agile et incisive sur un tour, avec un train avant tranchant qui permettait à Verstappen de dominer la feuille des temps sur le composé tendre. Le lendemain, les rôles se sont inversés : Norris a livré un tour de qualification de référence – un 1'15"5 ébouriffant – pour arracher la pole avec 0"262 d’avance, pendant que Verstappen s’enfonçait en cinquième position, à près d’une demi-seconde. Derrière ces écarts se cache le véritable sujet du week-end : la maîtrise (ou non) de la température interne et de surface des pneus sur une piste lisse, peu adhérente et frappée par l’altitude.

Pour comprendre pourquoi McLaren a pu ouvrir une fenêtre de performance qui est restée obstinément fermée pour Red Bull, il faut regarder au-delà des chronos bruts. Le secret tient à l’alignement subtil entre l’équilibre aéromécanique, la gestion thermique des pneus et la capacité du châssis à absorber les irrégularités de la piste sans maltraiter le train arrière. Et dans cet exercice, la MCLxx (spécification 2025) s’est montrée plus polyvalente.

🏔️🛞 Altitude, adhérence et pneus : le trio qui bouleverse tout

L’altitude de Mexico réduit drastiquement la densité de l’air. Conséquences immédiates : les niveaux d’appui chutent et le refroidissement naturel des systèmes (freins, moteur, radiateurs, habitacle) est moins efficace. Les ingénieurs compensent par des ailes à forts angles et des ouvertures de refroidissement plus généreuses. Mais la vraie bataille se livre dans les pneus. Sur l’asphalte très lisse de l’Hermanos Rodríguez, les charges verticales sont moindres et les fréquences d’excitation du pneu diminuent. Or, un pneu rapide n’est pas seulement un pneu « chaud » : c’est un pneu dont la température de surface (la bande de roulement) et la température interne (le noyau, ou « core ») sont en harmonie.

Lors d’un tour de qualification avec un train de pneus neufs, la bande de roulement monte vite en température grâce à la friction, tandis que le noyau reste encore relativement froid et rigide. Il faut habituellement cinq à six tours pour que la carcasse atteigne son élasticité optimale, moment où elle peut épauler la bande de roulement en prenant sa part du travail. Si on poursuit trop longtemps sur ce même train, la surface finit par surchauffer avant que le noyau ne soit à point, et la performance chute inexorablement. C’est l’équilibre entre ces deux mondes thermiques que les équipes tentent de capter dans une « fenêtre » souvent étroite – à Mexico, elle devient minuscule.

La donne 2025 corse l’affaire : le pneu avant Pirelli à carcasse plus rigide accroît la difficulté de mettre rapidement la carcasse au bon niveau d’élasticité, surtout sur une piste peu agressive. Ajoutez à cela l’air mince qui réduit les charges aérodynamiques, et vous obtenez un cocktail où le grip de surface domine, où l’on peut facilement se laisser griser par une sensation de train avant « mordant » sur un tour… au prix d’un train arrière qui souffre sur les relais longs.

La morale technique est simple : si les charges générées par la bande de roulement n’insufflent pas assez de mouvement dans le noyau, celui-ci demeure trop froid, donc trop rigide, et ne soutient pas le pneu — le grip s’effrite. À l’inverse, si la construction n’offre pas assez de flexibilité, la bande de roulement encaisse trop de charges, surchauffe et perd l’adhérence, enclenchant un cercle vicieux. Sur une surface lisse comme à Mexico, le laps de temps pour transférer efficacement l’énergie de la bande de roulement vers la carcasse avant que la surface ne surchauffe est réduit à sa plus simple expression. Dans ce cadre, quelques dixièmes d’ajustement dans l’équilibre peuvent transformer une monoplace docile en une diva capricieuse.

🔶🔥 McLaren : l’art du contrôle thermique et de la fenêtre parfaite

Ce qui distingue McLaren ici, c’est sa maîtrise du contrôle thermique sur l’ensemble du package : pneus, freins, flux d’air à travers la carrosserie. La MCLxx peut fonctionner avec des ouvertures de refroidissement plus petites que la concurrence, donc des pertes aérodynamiques plus faibles, un atout capital à haute altitude. Mais la clé de voûte, c’est l’excellent contrôle des températures des pneus arrière. Cela lui permet de faire un pari audacieux sur l’équilibre : charger un peu plus le train avant pour la qualification, tout en gardant la confiance nécessaire pour ne pas « tuer » le train arrière sur la durée.

Entre vendredi et samedi, McLaren a précisément opéré ce basculement. Après des relais longs prometteurs la veille, l’équipe a affûté la réponse du train avant pour que Norris retrouve les sensations fines qui lui permettent de flirter avec les limites dans les sections rapides interconnectées — notamment la séquence 4-5, si exigeante pour l’axe avant. Résultat : un Norris « branché » sur son pilotage d’exception, capable de retarder encore les freinages, de jouer avec la micro-adhérence en entrée rapide et de prendre ces infimes libertés qui transforment un très bon tour en tour de pole.

Le Britannique a haussé le curseur quand il le fallait. Battu sur la première tentative de Q3, il a tout placé sur le dernier run : freinages décalés, un soupçon de prise de risque supplémentaire dans le rapide, et une exécution chirurgicale dans les changements d’appuis. Son 1'15"5 a surpris jusque sur son propre tableau de bord. Cette alchimie entre une voiture qui lui « parle » et un pilotage confiant est typique de ses week-ends de grâce — ceux où, même avec un paquet d’appui moyen, il parvient à extraire l’essence d’un tour parfait. À Mexico, cette connexion pilote-machine a fait la différence.

Au-delà de la pointe de vitesse, l’autre force de McLaren est sa flexibilité de comportement. Même quand l’appui est faible et que la voiture glisse, elle conserve une certaine indulgence vis-à-vis des pneus, surtout à l’arrière. On note aussi une suspension arrière qui reste étonnamment conciliante malgré des réglages globalement très fermes — ce qui aide à digérer les petits heurts de la piste sans provoquer de pics de charge destructeurs pour la température des gommes.

Ce que McLaren réalise au Mexique que Red Bull ne peut pas égaler

Sur ce circuit, chaque compromis compte double. Pouvoir fermer un peu les ouïes de refroidissement sans surchauffer, c’est moins de traînée, plus de constance dans le flux qui alimente l’aileron arrière et le diffuseur, et in fine une plateforme aérodynamique plus stable. Ajoutez un train arrière qui ne s’emballe pas thermiquement et vous obtenez une voiture capable d’être agressive en qualification sans sacrifier tout espoir en rythme de course. Voilà pourquoi McLaren a pu « ouvrir » la fenêtre là où d’autres la manquaient d’un cheveu.

🦬❄️ Red Bull : quand la vitesse d’un tour détruit le rythme de course

La photographie de Red Bull sur ce week-end raconte une autre histoire. Vendredi, la RB21 de Verstappen affichait un train avant d’une réactivité redoutable, idéal pour extraire l’adhérence de surface sur un tour. Le prix à payer s’est révélé plus tard : les pics de charge imposés au train arrière — alors que la carcasse n’était pas encore suffisamment montée en température — ont accéléré la dégradation thermique sur les relais longs. On ne peut pas espérer gagner une course à Mexico avec un arrière qui s’emballe de la sorte.

Le camp Red Bull a dû corriger son tir durant la nuit : adoucir le train avant, calmer les transferts de charge et éviter ces sollicitations trop brutales qui enflamment les gommes arrière. Le revers de la médaille est connu : avec moins d’attaque à l’avant, la voiture peine davantage à « travailler » la carcasse du pneu et l’ensemble des températures (surface et noyau) grimpe plus lentement. À l’arrivée, ni l’avant ni l’arrière ne génèrent assez de grip de surface pour déclencher le fameux couplage avec la carcasse, et la fenêtre se dérobe. En FP3 et en qualification, Verstappen a parlé d’un manque d’adhérence généralisé — l’expression classique d’un ensemble qui n’entre jamais dans sa zone de confort.

Mexico exacerbe cette limite. La piste est lisse, l’air est mince, l’appui est faible : l’écart entre « trop » et « pas assez » de charge passe du large couloir à la corde raide. Ratez le timing de la montée en température du noyau, et vous condamnez la bande de roulement à surchauffer en solo, avec un pneu qui vous lâche quand vous en avez le plus besoin. La RB21, d’ordinaire si redoutable pour élargir sa fenêtre d’exploitation, a montré ici un caractère plus binaire, particulièrement sensible aux petites variations d’équilibre. Un détail a illustré cette sensibilité : la bosse en sortie du virage 9, qui a régulièrement déstabilisé l’arrière de la Red Bull sans perturber outre mesure la McLaren. Ce n’était pas un demi-seconde à lui seul, bien sûr, mais le signe d’une compliance moindre, donc d’un traitement plus agressif des pneus dans ces micro-événements.

Historiquement, Red Bull capitalise sur des plateformes très basses, très stables, où la voiture colle au sol et fabrique beaucoup d’appui par l’assiette. À Mexico, avec la piste lisse, on a vu les monoplaces descendre très bas, mais cela rend chaque bosse plus critique et complexifie la manière dont l’essieu arrière dissipe l’énergie. Une suspension trop « sèche » nourrit les pics de température sur les gommes, précisément ce que la RB21 a voulu éviter avec ses ajustements — au risque de perdre l’avant et, par ricochet, la performance pure sur un tour. C’est ce tir à la corde qui a laissé Verstappen cinquième, loin du compte sur la feuille des temps, alors que la veille la vitesse de pointe laissait imaginer un autre scénario.

🧠🏁 Pilotes, styles et hiérarchies : ce que disent les chronos

Le style de pilotage pèse d’autant plus lourd à Mexico que la voiture glisse presque tout le temps. C’est un circuit où la recherche du temps passe par une danse contrôlée : faire bouger la voiture sans l’embraser thermiquement, rester précis dans un univers pauvre en repères d’adhérence, improviser sans perdre le fil. Lando Norris excelle dans ce registre. Lorsqu’il sent un train avant disponible, lisible, il peut repousser ses zones de freinage, garder du minimum de rotation sans mettre l’arrière au supplice, puis relancer tôt. À l’inverse, Oscar Piastri, brillant lorsque l’adhérence est franche et la plateforme plus verrouillée, a davantage souffert dans cette zone grise : le week-end mexicain, comme à Austin, a exposé l’écart de confort entre les deux pilotes lorsque la voiture glisse beaucoup. Résultat : environ six dixièmes entre eux et une P8 pour l’Australien, malgré un package globalement performant.

Ferrari a profité des caractéristiques de la piste pour se replacer très haut. La SF-25, plus sensible que d’autres aux questions d’assiette et d’usure de la planche cette saison, a retrouvé à Mexico un pan de son aéromap qui lui était souvent interdit ailleurs. Le châssis est mécaniquement conciliant, et lorsque l’on peut exploiter cet équilibre à basse altitude d’appui, le duo Charles Leclerc – Carlos Sainz s’épanouit. Leclerc a sorti un tour superbe pour se glisser devant Lewis Hamilton, signe que la Ferrari a non seulement de la pointe, mais aussi une fenêtre d’utilisation élargie sur ce tracé. Les progrès de Hamilton soulignent par ailleurs une Mercedes en regain de forme, avec une W15 plus prévisible et plus « connectée » au train arrière que dans la première moitié de saison.

Dans cet échiquier, la Ferrari s’est révélée quelques dixièmes plus rapide que la Red Bull de Verstappen en qualification, avec George Russell intercalé et Kimi Antonelli à l’affût. Sainz, auteur d’un très beau tour dans la Williams, a réussi à devancer Piastri, mais sa pénalité de cinq places consécutive à l’incident d’Austin avec Antonelli l’a repoussé sur la grille. La photographie de la hiérarchie est donc nuancée : McLaren a pris l’ascendant au Mexique grâce à sa gestion thermique et sa souplesse de comportement ; Ferrari a maximisé un terrain de jeu qui lui convient ; Mercedes confirme une trajectoire ascendante ; Red Bull, elle, a buté sur une fenêtre trop étroite pour exprimer son plein potentiel.

Côté stratégie et perspectives de course, l’avantage de McLaren ne se résume pas à la pole. Une gestion plus douce des températures arrière promet une dégradation contenue, précieuse pour une épreuve où la piste évolue vite et où les relances après la longue ligne droite tendent à surchauffer la gomme. Si Red Bull retrouve davantage de grip sur les longs relais avec un avant plus neutre, elle devra néanmoins composer avec des dépassements coûteux en énergie thermique — un défi que la McLaren, plus sereine aérodynamiquement, gère mieux grâce à ses besoins de refroidissement moindres et à une traînée mieux maîtrisée.

Enfin, la séquence des virages 4-5, grande juge de paix du tour mexicain, a été un baromètre sans pitié. Là où une voiture au train avant incisif mais à l’arrière nerveux se dégrade très vite, la McLaren a pu maintenir une vitesse de passage élevée sans amortissement thermique catastrophique. Cette capacité à rester dans la zone « tiède » des pneus — ni trop froide ni trop chaude — a rendu la performance reproductible, un facteur essentiel pour bâtir un week-end solide.

En résumé, la McLaren a su marier trois vertus rarement réunies à Mexico : un refroidissement efficace mais peu pénalisant, un arrière thermiquement discipliné et un train avant suffisamment vivant pour permettre à Norris de s’exprimer. Red Bull, malgré une très bonne base, a dû naviguer à vue entre deux extrêmes : trop d’attaque à l’avant (et l’arrière s’enflamme), pas assez d’attaque (et l’ensemble reste hors de la fenêtre). Dans ce jeu de millimètres et de degrés, McLaren s’est donné l’espace vital qui a manqué à son rival direct.

Au-delà des chiffres, ce Grand Prix rappelle une vérité intemporelle de la F1 : la performance ne se réduit pas à l’appui absolu ou à la puissance. Quand l’air se raréfie et que l’adhérence se fait rare, ce sont la cohérence thermique, la douceur mécanique et la capacité du pilote à lire chaque micro-variation qui montent à la surface. Mexico en est le laboratoire, et McLaren y a trouvé une formule particulièrement efficace.

Que reste-t-il pour la course ? Une McLaren armée pour tenir ses pneus, une Red Bull en quête d’un meilleur compromis à essence lourde, une Ferrari prête à profiter de la moindre opportunité et une Mercedes qui se rapproche. Dans cet environnement où la glisse est la norme, celui qui saura garder la tête froide et les gommes dans leur fenêtre fera la loi. Et si le trafic et la gestion de l’air sale joueront un rôle crucial, la clé restera la même : garder le cœur du pneu à la bonne température, ni trop ni trop peu, pour laisser la bande de roulement faire juste ce qu’il faut, au bon moment.

À Mexico, la vitesse ne suffit pas : il faut de l’harmonie. Et comme souvent en altitude, ceux qui respirent le mieux sont ceux qui montent le plus haut.

Sur une piste qui exige autant de sensibilité que de bravoure, McLaren a montré la voie : quand l’équilibre entre technique et instinct est juste, la performance devient naturelle — et le sommet, soudain, à portée de main.

Dernier mot inspirant : dans un monde où chaque degré compte, la grandeur naît de l’art de l’équilibre — trouvez votre fenêtre, et le reste suivra. ✨

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