Élection à la FIA: Mohammed Ben Sulayem, seul candidat — enjeux, bataille juridique et impact pour le sport auto

🗳️ Élection à la FIA: un scrutin sous tension, un seul candidat et des questions cruciales

La Fédération Internationale de l’Automobile (FIA) a officialisé que Mohammed Ben Sulayem est l’unique candidat autorisé à se présenter au prochain scrutin présidentiel. Cette confirmation, intervenue après la clôture de la date limite pour constituer une liste complète, intervient dans un contexte à la fois politique et juridique particulièrement animé. Tandis qu’une audience s’est tenue à Paris pour examiner la conformité du processus électoral, une décision judiciaire est attendue le 3 décembre. L’élection reste, elle, programmée pour le 12 décembre à Tachkent, en Ouzbékistan.
Au cœur du dossier: la capacité des prétendants à réunir une liste présidentielle complète respectant des critères stricts. Selon les règles de la FIA, une « liste présidentielle » doit aligner, en plus du président, un président du Sénat, deux vice-présidents (mobilité et sport) et sept vice-présidents pour le sport issus de régions précises. Or, la configuration actuelle du vivier de candidats éligibles au Conseil Mondial du Sport Automobile (WMSC) aurait rendu la tâche impossible pour les rivaux de Ben Sulayem. Résultat: une situation inédite où un seul ticket est validé.
Si l’institution défend la transparence de sa procédure et la stabilité de son calendrier, des voix s’élèvent pour contester la logique et l’équité de cette élection. Entre exigences statutaires, représentativité régionale et tensions politiques, cette séquence pourrait redessiner durablement la gouvernance du sport automobile mondial.
🧭 Comment fonctionne l’élection présidentielle de la FIA ?
Pour être éligible, un candidat à la présidence doit présenter une liste complète et équilibrée. La composition impose:
- Un président de la FIA;
- Un président du Sénat;
- Un vice-président pour l’automobile, la mobilité et le tourisme;
- Un vice-président pour le sport;
- Sept vice-présidents pour le sport, avec une distribution géographique obligatoire (Amérique du Nord, Amérique du Sud, Afrique, Asie-Pacifique, Moyen-Orient et Afrique du Nord — MENA —, plus deux sièges pour l’Europe).
Ces sept vice-présidents pour le sport doivent, en outre, être choisis parmi des candidats préalablement jugés éligibles au Conseil Mondial du Sport Automobile. C’est ce point précis qui a cristallisé les tensions: la liste d’éligibles publiée n’aurait laissé qu’une seule combinatoire viable pour la présidence, verrouillant de facto l’issue de la phase de constitution des listes.
La date limite pour soumettre les listes était fixée au 24 octobre. À l’issue de ce délai, une seule liste a été formellement acceptée: celle de Mohammed Ben Sulayem.
⚖️ Bataille juridique et calendrier critique
Parallèlement à la validation de l’unique liste, une action en justice a été engagée pour contester le processus électoral, notamment l’interprétation des statuts et la manière dont la représentativité régionale est appliquée. Une audience s’est tenue au Tribunal judiciaire de Paris afin d’examiner la recevabilité et le fond des griefs. Le verdict attendu le 3 décembre pourrait fortement conditionner la suite des événements.
Deux scénarios dominent:
- Le scrutin est maintenu le 12 décembre à Tachkent, avec Ben Sulayem comme seul candidat. Le vote se transforme alors en plébiscite, avec une légitimité qui dépendra du taux de participation et du consensus des clubs membres.
- Le scrutin est suspendu par décision judiciaire, prolongeant l’incertitude et obligeant la FIA à reconfigurer son calendrier, voire à réévaluer certaines règles de candidature et de représentativité.
Cette dynamique judiciaire ne porte pas seulement sur un point de procédure: elle interroge la culture de gouvernance de l’institution, sa relation avec les clubs nationaux, et la perception de son impartialité auprès des grandes disciplines, de la Formule 1 au WRC en passant par la Formule E, l’Endurance et les championnats régionaux.
👥 La liste présidentielle de Mohammed Ben Sulayem
La seule liste validée comprend les postes clés exigés par les statuts. Voici la composition annoncée:
- Mohammed Ben Sulayem (Émirats arabes unis) — Président de la FIA
- Carmelo Sanz De Barros (Espagne) — Président du Sénat
- Timothy Shearman (Canada) — Vice-président pour l’automobile, la mobilité et le tourisme
- Malcolm Wilson (Royaume-Uni) — Vice-président pour le sport
- Abdulla al-Khalifa (Bahreïn) — Vice-président pour le sport (Moyen-Orient et Afrique du Nord)
- Rodrigo Rocha (Mozambique) — Vice-président pour le sport (Afrique)
- Daniel Coen (Costa Rica) — Vice-président pour le sport (Amérique du Nord)
- Fabiana Ecclestone (Brésil) — Vice-présidente pour le sport (Amérique du Sud)
- Lung-Nien Lee (Singapour) — Vice-président pour le sport (Asie-Pacifique)
- Manuel Aviñó (Espagne) — Vice-président pour le sport (Europe)
- Anna Nordkvist (Suède) — Vice-présidente pour le sport (Europe)
Cette composition illustre l’exigence de diversité géographique tout en consolidant des profils connus de l’écosystème FIA. Elle pose aussi une question centrale: dans quelle mesure la liste reflète-t-elle les besoins de toutes les disciplines et de tous les marchés, des grandes nations motrices aux fédérations en croissance?
🌍 Représentation régionale: l’effet domino des critères
La pierre angulaire de cette élection demeure la règle de représentativité, qui exige un vice-président pour le sport par zone, plus deux pour l’Europe. Cette architecture vise à garantir un équilibre mondial dans les décisions stratégiques: sécurité, réglementation, développement durable, formation des officiels, accompagnement des clubs, inclusion et parité, électrification et nouvelles technologies, etc.
Or, la rareté de candidats éligibles dans certaines régions a eu un impact décisif. Par exemple, l’Amérique du Sud disposait d’un nom éligible clé — Fabiana Ecclestone — déjà intégrée à l’équipe de Ben Sulayem. Ce simple fait a suffi à empêcher des prétendants concurrents comme Tim Mayer, Laura Villars ou Virginie Philipott de boucler leurs propres listes, faute de pouvoir réunir les sept vice-présidents pour le sport dans le respect du vivier validé.
Dans un tel système, une pénurie ponctuelle d’éligibles dans une région donnée peut verrouiller une élection. D’où les requêtes déposées pour vérifier si ces contraintes, bien que statutaires, respectent l’esprit d’ouverture et de concurrence que la gouvernance moderne requiert. C’est ce que devra éclairer, en partie, la décision de justice attendue.
🔍 Transparence, conformité et débats éthiques
La FIA défend la clarté de son processus: calendrier connu, règles publiées, critères hérités d’élections précédentes. La position institutionnelle est de dire que rien n’a été changé à la dernière minute et que la procédure suit un cadre éprouvé. À l’inverse, les critiques estiment que la combinaison des critères d’éligibilité au WMSC et des quotas régionaux peut engendrer une forme d’asymétrie défavorable à tout challenger, surtout si des noms clés sont déjà engagés sur une liste.
Ces discussions ne sont pas purement théoriques. Elles orientent le degré de confiance des clubs membres, qui votent en fonction de leurs priorités: sécurité routière, soutien au sport de base, développement des championnats nationaux, promotion de la diversité et de la durabilité, accessibilité des nouvelles technologies, et relation avec les promoteurs et constructeurs. Une gouvernance perçue comme inclusive facilite l’adoption des réformes. Une gouvernance perçue comme verrouillée suscite au contraire des résistances, voire des contournements.
Les instances éthiques internes ont également été sollicitées. Elles devront évaluer si la mécanique électorale, telle qu’appliquée, ne crée pas de distorsions ou d’avantages structurels contraires au principe d’équité que la FIA revendique depuis des décennies.
🏁 Enjeux stratégiques pour l’écosystème du sport auto
Au-delà des aspects procéduraux, cette élection pèse sur des chantiers prioritaires qui toucheront directement les compétitions et les clubs:
- Réglementation sportive et technique: la stabilité est clé pour les promoteurs et les constructeurs. Des décisions cohérentes concernant l’aérodynamique, la sécurité, l’énergie (hybride, électrique, carburants synthétiques) et la réduction des coûts sont attendues.
- Développement durable et innovation: objectifs de neutralité carbone, intégration des carburants renouvelables, standardisation des batteries, gestion des pneus et logistiques « bas carbone ».
- Équité et accès: passerelles entre la base et l’élite, soutien aux jeunes talents, place des femmes dans le sport, accessibilité financière des séries nationales et régionales.
- Relation avec les parties prenantes: constructeurs, promoteurs, diffuseurs, villes hôtes, partenaires technologiques. La visibilité, la sécurité et la valeur commerciale des championnats en dépendent.
Un mandat présidentiel clair et reconnu est un facteur d’alignement pour toutes ces priorités. Dans un monde où l’attention se fragmente et où la compétition entre disciplines sportives s’intensifie, un cap stratégique lisible aide les championnats à se différencier, à attirer des sponsors responsables et à séduire de nouvelles audiences.
📅 Ce qui nous attend d’ici le 12 décembre
Le calendrier est désormais serré:
- 3 décembre: décision attendue sur la contestation du processus électoral. Un feu vert stabiliserait le scrutin; une suspension ouvrirait une période d’incertitude.
- 12 décembre: vote à Tachkent. En cas de maintien, l’élection avec un seul candidat exigera un engagement fort des membres afin d’asseoir la légitimité du futur exécutif.
Si le jugement valide la procédure, la campagne se concentrera sur le programme: sécurité et formation, promotion des championnats, transitions énergétique et digitale, relation avec les clubs. Si, au contraire, il impose un réexamen des règles, la FIA devra démontrer sa capacité d’adaptation en clarifiant les conditions d’éligibilité, la liste des candidats au WMSC et la cartographie des quotas régionaux.
🧩 Pourquoi la représentativité régionale est un enjeu fondamental
Le principe derrière les quotas est simple: aucune région ne doit se sentir oubliée. L’Afrique, le MENA, l’Asie-Pacifique, l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud ont des réalités différentes: infrastructures, budgets, cadres réglementaires, maturité des séries. Garantir une voix à chacune évite une gouvernance centrée uniquement sur les marchés les plus puissants.
Mais la mise en œuvre est complexe. Lorsque le bassin d’éligibles au WMSC est limité, la constitution des listes devient un casse-tête. Une simple indisponibilité dans une région peut bloquer toute alternative. D’où l’idée, débattue dans plusieurs fédérations sportives, d’enrichir les viviers de candidats et d’encourager, en amont, la formation et l’émergence de profils aptes à siéger au niveau mondial.
📣 Perception, crédibilité et communication
La confiance se construit autant par les actes que par la communication. Pour rassurer les clubs et le grand public, la FIA devra articuler clairement:
- Les fondements juridiques de son processus électoral;
- La logique de sélection des éligibles au WMSC;
- Les raisons précises qui ont conduit à l’acceptation d’une seule liste;
- Les garde-fous mis en place pour éviter des blocages similaires à l’avenir.
Un récit de gouvernance cohérent renforce la crédibilité internationale, notamment auprès des partenaires industriels engagés dans la transition énergétique et la sécurité active. La transparence n’est pas un luxe: c’est une condition d’efficacité pour un régulateur global du sport automobile et de la mobilité.
🚀 Quels bénéfices concrets attendre d’un mandat stabilisé ?
Si l’élection est confirmée et qu’un mandat clair s’ouvre, plusieurs bénéfices peuvent émerger:
- Accélération des réformes: calendriers techniques, harmonisation des règlements, feuilles de route durables plus lisibles.
- Visibilité des championnats: meilleure coordination entre disciplines pour éviter la cannibalisation des audiences et optimiser les fenêtres médiatiques.
- Renforcement des clubs: programmes de formation, dotations, accompagnement des fédérations en croissance afin d’augmenter la base des licenciés et des officiels.
- Innovation ouverte: partenariats avec l’écosystème tech, élargissement des pilotes de solutions (télémétrie, sécurité, IA, matériaux durables) pour diffuser des standards bénéfiques du haut niveau vers la base.
À l’inverse, une période d’incertitude prolongée pourrait ralentir la prise de décision et complexifier les relations avec les grandes séries et les constructeurs à l’heure des renouvellements d’engagements.
🧠 Ce que doivent surveiller clubs, fans et acteurs
Au cours des prochaines semaines, plusieurs signaux seront déterminants pour évaluer la trajectoire de la FIA:
- Le contenu précis de la décision judiciaire du 3 décembre: validation, suspension, ou recommandation de révisions.
- La participation et l’adhésion des clubs au vote du 12 décembre, indicateurs de la légitimité du mandat qui s’ouvrira.
- La feuille de route stratégique communiquée par l’exécutif: priorités par discipline, investissements, programmes pour les fédérations nationales.
- L’inclusion et la diversité dans les instances, au-delà de la stricte représentativité géographique, afin de répondre aux enjeux sociétaux contemporains.
Dans un univers aussi concurrentiel que le sport auto, l’attractivité ne se décrète pas: elle se gagne par la clarté des règles, l’équité des décisions et la capacité à faire grandir l’ensemble du réseau — du karting aux sommets mondiaux.
🔭 Perspectives: entre cap stratégique et esprit d’ouverture
Quel que soit l’issue de la séquence judiciaire, l’objectif pour la FIA doit être double: préciser son cap stratégique et élargir ses viviers de talents. Cela passe par une meilleure planification des processus d’éligibilité, la multiplication des programmes de développement des dirigeants, et un dialogue renforcé avec les clubs sur les priorités régionales. De cette façon, l’institution peut concilier stabilité et dynamisme, sécurité et innovation, tradition et modernité.
Le sport automobile est à un tournant technologique — électrification, carburants synthétiques, data — et sociétal — sécurité routière, inclusivité, sobriété. Une gouvernance claire, crédible et représentative est la condition pour transformer ces défis en opportunités.
Dernier mot: au-delà des procédures, c’est la passion du sport et l’intérêt général qui doivent guider chaque décision. Quand l’ambition collective ouvre la voie, la piste révèle toujours le meilleur de nous-mêmes.














