Portimão s’enflamme 🔥: Alex Márquez imprime le rythme, Bulega éblouit sur la Ducati de Marc Márquez


Le Grand Prix du Portugal s’ouvre sur un scénario idéal pour les amateurs d’intrigue sportive et de révélations techniques. À Portimão, Alex Márquez a frappé fort d’entrée en dominant la première séance d’essais, tandis que l’attention du paddock se concentrait sur la prestation remarquée de Nicolo Bulega, appelé à la rescousse pour piloter la Ducati de Marc Márquez. Résultat : une matinée animée, un classement mouvant, des choix de pneus décisifs et des écarts révélateurs du potentiel de chacun sur le rollercoaster de l’Algarve.
Avec un meilleur tour en 1’39"145, Alex Márquez s’est offert la référence chronométrique sans même passer un train de pneus neufs en fin de session. Derrière lui, Marco Bezzecchi a profité d’un pneu avant tendre monté tardivement sur son Aprilia pour réduire l’écart à 0"196. Jack Miller, sur la Yamaha du team Pramac, a complété le top 3 grâce à une attaque bien timée, juste devant Johann Zarco (LCR Honda) et un Pol Espargaró inspiré qui remplaçait Maverick Viñales chez Tech3 KTM. Au-delà du classement, c’est bien la manière qui a frappé : confiance, précision et gestion de l’adhérence ont dicté la hiérarchie.
Mais la véritable histoire du jour, c’est Nicolo Bulega. Le vice-champion du monde Superbike, qui prépare par ailleurs un rôle d’essayeur officiel en 2026 pour accompagner la transition vers les pneus Pirelli, a signé une première séance de grande qualité. Quatorzième au général, il n’a concédé que 0"928 au temps de référence d’Alex Márquez, finissant même 0"233 et trois places devant le double champion Pecco Bagnaia après un premier roulage sérieux — une performance d’autant plus notable qu’il ne disposait que d’un roulage de préparation limité, principalement sous la pluie à Jerez, pour se familiariser avec le comportement d’une MotoGP moderne.
🔥 Départ canon à Portimão : Alex Márquez donne le ton
Le tracé de l’Algarve, avec ses compressions, ses aveugles et ses variations d’altitude, ne pardonne pas les approximations. Y afficher d’emblée une maîtrise totale est un signe fort. Alex Márquez a construit son tour de référence sur une approche propre : freinages tardifs contrôlés, relances fluides et une excellente stabilité en phase de transition. Le plus impressionnant ? Sa capacité à rester au sommet sans chercher le gain facile d’un pneu neuf dans les dernières minutes, alors que beaucoup passaient des gommes fraîches pour figurer en haut de l’écran.
Ce choix révèle deux informations clés. D’une part, la Gresini est à l’aise sur le set-up de base, ce qui laisse entrevoir des marges pour l’après-midi si l’équipe décide d’exploiter des pneus tendres. D’autre part, la confiance de Márquez suggère une excellente fenêtre de fonctionnement en entrée de virage et une motricité déjà bien calée, deux atouts cruciaux à Portimão, notamment dans la descente vers le dernier virage et la compression du premier freinage.
Un autre indicateur intéressant tient à la gestion du trafic et des tours lancés. Au fil de la séance, Alex Márquez a su se tenir à l’écart des paquets et éviter les micro-blocages qui pénalisent l’attaque. Dans une FP1 souvent consacrée à la compréhension des pneus et à la validation des rapports de boîte, ce niveau d’exécution met une pression sourde sur les rivaux : si lui a encore du potentiel pneumatique en réserve, la barre psychologique du 39 moyen pourrait descendre rapidement.
🚀 Bulega, remplaçant surprise, séduit au premier contact
Quatorzième ne raconte pas toute l’histoire. Nicolo Bulega a fait plus qu’un simple tour d’adaptation : il a joué, observé et appris en temps réel. À la fin de la séance, on l’a vu se placer intelligemment derrière le duo Gresini composé d’Alex Márquez et de Fermin Aldeguer. Plutôt que de forcer, il a adopté une approche progressive, calquée sur la trajectoire et la façon de générer de la vitesse au point de corde typiques d’une MotoGP, très différentes des gestes nécessaires en WorldSBK.
L’écart de 0"928 sur le meilleur temps, compte tenu d’une expérience limitée dans la catégorie reine, est un marqueur fort. Il laisse entendre qu’il n’a pas encore réellement pris de risques avec la fenêtre d’adhérence, notamment sur l’avant dans les courbes rapides, et qu’il existe une marge d’un demi-dixième par secteur en affinant les points de freinage et les vitesses de passage. Ajoutons à cela sa position devant Pecco Bagnaia — 0"233 d’avance — et on obtient un message clair : le talent brut est bien là, et l’adaptation aux exigences du Michelin (et bientôt du Pirelli) est déjà tangible.
Techniquement, la transition de Bulega vers une MotoGP demande un travail sur trois axes : la gestion du couple en sortie (beaucoup plus virulent que sur une Superbike), l’utilisation des dispositifs de contrôle (abaissement, stratégies de traction) et la finesse sur l’avant au relâcher des freins. Sa posture sur la moto, naturellement compacte, lui permet de générer un centre de gravité bas au moment de la rotation — un atout à Portimão pour conserver de la vitesse dans les enfilades. Le plus impressionnant ? Sa capacité à rester propre quand la moto rebondit dans la compression de T1 et à limiter le pumping en dernière partie de tour.
Son statut de remplaçant sur la Ducati habituellement pilotée par Marc Márquez aurait pu le tétaniser. Au contraire, il a semblé libéré par la perspective d’apprendre vite, bien entouré dans un box rodé à l’exigence. S’il confirme cet après-midi, une entrée en Q2 directe pourrait devenir un objectif réaliste, surtout si la piste gagne quelques degrés et que le grip évolue dans le bon sens.
🧠 Stratégie pneus et réglages : les clés d’une FP1 piégeuse
Portimão, en FP1, est souvent un piège à ciel ouvert. Le grip progresse vite, mais la fenêtre optimale est étroite et oscille selon le vent et la température de piste. Cette première session a illustré deux philosophies : ceux qui ont sécurisé des sensations de base en gomme médiane (comme Alex Márquez) et ceux qui ont tenté un coup tardif en monture plus tendre pour figurer dans le haut de la feuille (Bezzecchi, Miller, Espargaró).
Les temps de fin de séance racontent cette dualité. Marco Bezzecchi a chaussé un pneu avant tendre neuf sur son Aprilia et a rogné l’écart jusqu’à 0"196. Jack Miller a répliqué en grimpant troisième en fin de session avec un package optimisé pour le time-attack. Pol Espargaró, suppléant Maverick Viñales chez Tech3 KTM, a lui aussi profité de pneus frais pour s’installer cinquième, tandis que Johann Zarco a confirmé sa vélocité matinale au guidon de la LCR Honda, toujours incisif au freinage et propre sur la remise des gaz.
La question pneumatique sera centrale pour la suite : l’avant tendre offre un gain de confiance immédiat dans les sections aveugles, mais peut surchauffer si le vent tombe et que le rythme s’élève, surtout dans l’enchaînement médian. À l’arrière, la gestion du tendre en phase de traction vers la ligne — là où la moto pompe au passage des bosses — déterminera la constance des runs longs. Ceux qui, comme Alex Márquez, ont gardé des cartouches neuves pour l’après-midi, pourraient transformer une bonne base en domination nette si la piste reste dans la bonne fenêtre.
Autre point essentiel : l’électronique et les rapports de boîte. Portimão demande une calibration fine pour éviter les coupes de couple trop intrusives sur les creux de relief, au risque de casser la vitesse de pointe avant la ligne. Les équipes Ducati disposent d’un référentiel solide, mais l’Aprilia de Bezzecchi et les KTM du clan Tech3 montrent que l’équilibre châssis-électronique fait la différence aussi tôt dans le week-end.
⚔️ Bezzecchi, Miller, Espargaró, Zarco : la meute à l’affût
Si Alex Márquez a pris l’ascendant psychologique, la meute ne s’est pas contentée d’observer. Marco Bezzecchi a parfaitement utilisé l’adhérence apportée par un pneu avant neuf pour se rapprocher à moins de deux dixièmes. Son style, tout en glisse contrôlée et rotation rapide en milieu de courbe, colle à l’ADN de Portimão. À ce stade, il lui manque un soupçon de stabilité sur l’angle maximum dans la grande droite qui ramène vers le dernier virage.
Jack Miller, installé sur la Yamaha du team Pramac, a rappelé son sens du temps fort. Les ultimes minutes de séance lui ont permis de bondir au classement. Quand le grip est là, son agressivité à l’entrée de virage devient un atout, à condition d’éviter le surplus de température à l’avant. C’est une carte à surveiller pour la qualification.
Pol Espargaró, appelé en renfort chez Tech3 KTM pour remplacer Maverick Viñales, a retrouvé une vivacité qui fait plaisir à voir : freinages tranchants, volonté d’emmener la moto au sol très tôt et un appui fort sur l’avant pour tenir la corde. Ce cocktail lui a permis de grimper cinquième au finish, encadrant Johann Zarco, incisif et constant au fil de la matinée. Le Français de la LCR Honda, longtemps le plus proche d’Alex Márquez, a démontré une excellente lecture de la piste et une capacité à enchaîner des tours propres — très bon signe pour la chasse à la Q2.
Derrière, Pecco Bagnaia a connu un démarrage timide, une constante de ses vendredis quand l’italien privilégie la compréhension du package à l’attaque pure. Voir Bulega terminer devant lui à ce stade ne constitue pas un signal d’alarme, mais rappelle que la fenêtre de performance s’est resserrée et que la moindre hésitation se paie immédiatement au classement.
💥 Chutes et frissons : Fernandez échappe au pire
Portimão n’offre aucune tolérance quand les limites sont testées à froid. Deux chutes ont marqué la séance. Pol Espargaró a commis une erreur sans conséquence, vite effacée par sa fin de session solide. En revanche, Raul Fernandez a connu un moment très chaud au virage 1. En perdant l’avant, le pilote de la structure Trackhouse Aprilia a vu sa machine rebondir sur l’airfence et revenir vers lui de façon inquiétante. Plus de peur que de mal, mais l’incident rappelle la violence potentielle des chocs à la première épingle, là où la compression au bout de la ligne droite accentue les transferts de masse et réduit la marge d’erreur.
Cette séquence est importante à noter pour la suite du week-end : la gestion du frein avant au bout de la ligne, combinée à un choix judicieux de pression dans le pneu, conditionnera la confiance des pilotes. Les équipes qui auront su calibrer la suspension pour amortir l’oscillation à la prise de frein gagneront des dixièmes « gratuits » en sécurité et en performance.
🔍 Focus technique : lecture des temps, vitesse de passage et marges cachées
La feuille de temps de cette FP1, au-delà du classement brut, met en lumière plusieurs tendances. D’abord, le 1’39"145 d’Alex Márquez, réalisé sans pneus neufs en fin de séance, laisse penser qu’un 1’38 élevé est à portée si la piste se réchauffe. Ensuite, la proximité générale — un Bulega à 0"928 et quatorzième — montre que le plateau fonctionne déjà dans un mouchoir et que la qualification pourrait se jouer au centième.
Sur le plan de la vitesse de passage, les machines qui préservent l’avant dans les courbes rapides (montées en charge progressive, assistance anti-squat bien calibrée, gestion électronique fine) s’en sortent mieux dans les enchaînements centraux. C’est là que l’Aprilia de Bezzecchi a semblé le plus à l’aise, quand la Ducati Gresini d’Alex Márquez a fait valoir une supériorité en phase de freinage et dans la motricité de sortie.
Pour la Yamaha de Miller, l’enjeu se situe dans la stabilité à très haute vitesse — notamment dans la compression précédant la ligne —, tandis que la KTM de Tech3 pilotée par Espargaró a brillé par son agilité en changement d’angle. La Honda de Zarco s’est distinguée par un équilibre rassurant : le Français a géré les transferts avec une précision chirurgicale, un atout pour tenir un rythme élevé sans surchauffer l’avant.
🎯 Enjeux pour la suite du week‑end : sprint et course dans le viseur
La FP1 n’écrit pas le week-end, mais elle en esquisse le portrait. Ceux qui, comme Alex Márquez, ont gardé des pneus neufs sous le coude disposeront d’une marge stratégique cet après-midi pour sécuriser une Q2 directe. Bezzecchi a déjà montré sa main, mais peut encore bonifier sa régularité. Miller et Espargaró ont la dynamique pour troubler l’ordre établi, à condition de transformer l’éclair en rythme. Zarco, lui, paraît en mesure d’installer une base solide pour la suite, avec l’avantage d’un pilotage propre qui use moins les pneus.
Et Bulega ? Sa trajectoire du jour inspire. Avec un roulage limité et une moto exigeante, il a coché les cases essentielles : compréhension de l’avant, gestion du couple, lecture des trajectoires à Portimão. S’il parvient à déclencher un time-attack propre en fin de FP2 et à caler ses points de freinage un mètre plus tard dans T1 et T5, la bascule vers le top 10 n’a rien d’utopique. Plus largement, sa présence redessine la hiérarchie interne : faire mieux que Bagnaia en FP1, même symboliquement, change la conversation dans le box et dynamise l’équipe.
La suite se jouera aussi sur la capacité de chacun à lire l’évolution de la piste. Portimão récompense les équipes qui anticipent l’effet du vent sur l’aéro (notamment la sensibilité du carénage dans la grande montée avant le dernier virage) et qui ajustent finement l’assiette en fonction de la température. L’équilibre entre assise arrière pour la motricité et liberté de rotation pour préserver l’avant sera la clef de voûte des performances sur le sprint et la course.
🏁 Ce qu’il faut retenir avant la bataille de la qualif
- Alex Márquez signe un 1’39"145 autoritaire sans recours aux pneus neufs en fin de séance, gage d’un potentiel encore supérieur.
- Marco Bezzecchi s’invite à 0"196 avec un avant tendre neuf et confirme la compétitivité de son package à Portimão.
- Jack Miller (Yamaha/Pramac) et Pol Espargaró (Tech3 KTM, remplaçant de Viñales) profitent des derniers instants pour se hisser aux avant-postes, avec Johann Zarco intercalé et très constant.
- Nicolo Bulega, quatorzième, termine à 0"928 de la référence et 0"233 devant Pecco Bagnaia : une prestation mature, propre et pleine de promesses pour la suite.
- Deux chutes marquent la matinée : Espargaró sans gravité, et Raul Fernandez avec un moment d’alerte quand sa machine a rebondi sur l’airfence au virage 1.
À présent, place au jeu des micro-ajustements : pression de pneus, assiette, cartographies d’accélération et stratégies d’abaissement. Dans un week-end MotoGP où la qualification conditionne tout, chaque équipe cherchera à verrouiller un tour de référence propre et à préserver un rythme solide pour le sprint. Le circuit de l’Algarve n’accorde aucune faveur, mais il magnifie les pilotes capables d’allier audace et délicatesse.
Quand le soleil cognera davantage sur l’asphalte et que le vent tournera peut‑être d’un cran, attendez-vous à voir le curseur reculer vers les 1’38. Les premiers à y parvenir mettront un coup au moral du peloton — et pourraient déjà orienter le récit du week-end.
Alors, cap sur la qualif : les compteurs sont ouverts, les visages sont tournés vers le tableau des secteurs, et les réglages se peaufinent à la loupe. Reste à transformer l’essai avec la même confiance que celle affichée ce matin par Alex Márquez, et la même fraîcheur que celle révélée par Nicolo Bulega. À Portimão, le courage, la maîtrise et l’instinct font souvent la différence. Gaz ouvert, cœur léger, et l’horizon s’éclaire.
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